Notre échange avec Arthur Dénouveaux, Directeur de cabinet du Directeur Général Assurances France chez Covéa
Dans le cadre de son étude « Stratégie Data : de la vision à l’engagement collectif », réalisée en collaboration avec OpinionWay, Micropole met en avant l’importance d’adapter les démarches de formation et d’organisation aux besoins spécifiques des collaborateurs pour réussir à intégrer la Data au sein des entreprises. L’étude montre que de nombreux dirigeants d’entreprise sont confrontés à un même défi : démocratiser l’usage de la data au sein de leurs équipes, en particulier en termes de montée en compétences et de gestion des outils nécessaires.
Nous vous proposons de découvrir en exclusivité la vision et le retour d’expérience d’Arthur Dénouveaux, Directeur de cabinet du Directeur Général Assurances France chez Covéa, interviewé à l’occasion de cette étude.
« Implanter une Culture Data suppose une logique de co-construction entre les métiers et les experts de la donnée et de l’IA »
Au cours de cet entretien, Arthur Dénouveaux nous dévoile les initiatives mises en place par le groupe Covéa pour intégrer la culture data au sein de ses différentes marques, telles que MAAF, MMA et GMF. Il souligne l’importance d’une approche collaborative où la co-construction entre les métiers et les experts de la donnée et de l’intelligence artificielle joue un rôle clé.
En témoignant sur la stratégie déployée, il pointe du doigt la nécessité de bien identifier les besoins spécifiques de chaque direction afin de garantir une adoption efficace et durable des outils data. Selon lui, l’acculturation à la Data, bien loin de se limiter aux outils, repose en réalité sur une montée en compétences progressive et adaptée, à travers des modules de formation ciblés, des webinars et des journées dédiées à l’IA et à la Data, permettant ainsi de fédérer et d’ancrer véritablement la culture data au sein de l’entreprise.
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Comment priorisez-vous les sujets autour de la Data au sein de Covéa ?
Arthur Dénouveaux : ” Chez Covéa, la Data est pilotée par la Direction Générale « Offres et Services » qui est très en lien avec les métiers ; la donnée provient surtout de nos marques. L’IT a la responsabilité des socles digitaux et d’intelligence artificielle. Il y a donc des data owners au sein des métiers, et les data managers Groupe ont pour mission d’établir une cartographie globale des usages et des besoins.
Nous rédigeons la feuille de route avec les marques et les différentes Directions Générales dans une logique de co-construction. Notre Groupe est multi-marques donc cette philosophie est matricielle chez nous. Mon rôle est de m’assurer de la fluidité des échanges entre ces différentes directions, d’être un de tiers de confiance pour éviter tout désalignement entre les techniciens et les métiers. “
Quel sujet Data abordez-vous de manière globale ?
” La centralisation est faible pour les usages historiques mais pour les sujets plus récents, comme la dématérialisation des documents, nous l’abordons de manière globale pour les trois marques du Groupe. Un des enjeux globaux est de cranter un usage plus sophistiqué de la donnée et notre priorité est d’avoir une meilleure connaissance de nos 11 millions de clients.
En termes de cas d’usages, notre approche est basée sur de longues études préliminaires ; nous ne multiplions pas les proof of concept. C’est d’ailleurs généralement le propre des entreprises de « mass market » : avec le nombre d’informations que nous traitons, notre logique est forcément industrielle. Enfin, le jeu de contraintes techniques nous oblige à bien penser les interdépendances et les conséquences de tous nos déploiements. “
Dans notre étude, la plupart des dirigeants citent l’efficacité opérationnelle comme premier objectif de la stratégie, loin devant la prise de décision ou l’innovation data. Etes-vous d’accord avec cela ?
” Oui, nous travaillons essentiellement sur le fait de faire gagner du temps à nos collaborateurs et à nos clients. Notre objectif est de rendre accessibles et digestes les données en temps réel, car, à l’arrivée, c’est bénéfique pour nos clients. Par exemple, nous avons amélioré les fiches disponibles pour les conseillers de la Protection Juridique : ce sont eux qui répondent aux appels de clients qui se plaignent, par exemple, d’un artisan qui fait défaut, et qui ont besoin connaître les recours possibles. Nous avons créé une database complète, offrant des réponses immédiates et adaptées, améliorée en permanence par ces mêmes conseillers qui vont juger de la qualité de la solution proposée.
Sur un plan plus prospectif, nous utilisons la Data et l’IA pour des analyses prédictives. Je dirige moi-même une cellule qui anime les réflexions et définit la stratégie autour de l’IA. Nous avons par exemple un système de prévision de grêle extrêmement précis qui est une variation réalisée à partir des modèles météo.
Notre pôle « Risques Majeurs » travaille quant à lui sur les grands risques climatiques, tempêtes, sécheresse, etc. qui font intervenir des données propriétaires, des données externes ou des données synthétiques, créées artificiellement à partir de scénarii. Elles permettent d’extrapoler, car certaines tempêtes ne se produisent que tous les 500 ans et les données historiques ne suffisent pas pour modéliser la catastrophe. Par exemple, nos scientifiques et experts data doivent pouvoir travailler sur les conséquences d’une tempête Martin (en 1999) qui aurait démarré 100 kms plus au nord ou sud. “
La recherche de l'excellence opérationnelle est le curseur majeur.
La stratégie data bénéficie-t-elle d’un sponsorship important du COMEX où vous siégez ?
” La recherche de l’excellence opérationnelle est le curseur majeur. Une nos particularités est d’avoir une gestion des outils basés sur l’obsolescence. L’intégration de couches Data ou IA suit donc le cycle d’évolution de ces outils. C’est à mon sens une bonne manière de faire, même si cela peut entraîner des différences de rythme entre les différentes marques du Groupe.
Nous avons une réelle politique d’investissement en ce qui concerne les usages sophistiqués de la donnée mais nous ne sommes pas en révolution permanente. L’assurance a connu d’autres irruptions technologiques comme la généralisation du téléphone il y a une quarantaine d’années qui devait en finir avec le modèle de l’agence physique, alors que finalement les deux cohabitent ensemble de manière étonnamment stable. “
58 % des dirigeants estiment compliqué de favoriser l’appropriation de la Data par les salariés. Paradoxalement les formations concernent surtout les managers, voire les top managers. Comment gérez-vous la montée en compétence des collaborateurs ?
” La question humaine est le plus gros sujet et ce taux de réponse ne me surprend pas. Chez Covéa, la direction des ressources humaines a créé une filière de formation autour de la Data et de l’IA et cela nous permet de bien mesurer les besoins métiers.
Notre approche repose sur cinq piliers : éclairer, accompagner, animer, fédérer et ancrer. Il y a des modules de sensibilisation et une workplace sur laquelle tous les collaborateurs peuvent consulter des vidéos pédagogiques sur l’usage de la donnée. Nous organisons également des webinars et des « Data and IA Day » qui nous permettent de fédérer les marques : on y présente les innovations aux directions-métiers, et des experts extérieurs viennent partager leur savoir. Nous avons également des modules de formation plus poussés pour « ancrer » les compétences et nous formons de nombreux data scientists et data engineers. “
Notre étude montre qu’à peine 53 % des collaborateurs déclarent utiliser la donnée. Où en êtes-vous chez Covéa ?
” Nous n’avons pas réalisé ce type de sondage mais je pense qu’il y a forcément une différence entre la perception et la pratique réelle. La quasi-totalité de nos collaborateurs utilisent des données. A l’inverse du retail, nous ne vendons nos produits que sur la base d’informations, donc de données : profiling des clients, tarification des risques, etc. “
L'acculturation et la montée en compétence des collaborateurs sont les clefs de la réussite de l'innovation.
Comment définiriez-vous une bonne Culture Data ?
” Je pense que le plus important est d’être capable de mesurer le juste effort. Faire le « mieux-disant » à un coût très élevé n’est pas rentable. La tendance au « one size fits all », où l’on met en place les mêmes dispositifs pour tout le monde, n’est pas non plus satisfaisante. Il faut comprendre la diversité des enjeux : comment gère-t-on les données froides, les données chaudes, l’accès ou non en temps réel, etc.
Je crois aussi qu’il ne faut surtout pas perdre les compétences humaines, ce que pourrait entraîner une utilisation irraisonnée de l’intelligence artificielle. Avant les investissements outils, l’acculturation et la montée en compétence des collaborateurs sont les clés de la réussite de l’innovation. “
A propos de l’étude Culture Data
L’étude Culture Data, réalisée par OpinionWay pour Micropole, explore comment les entreprises intègrent les données dans leurs processus stratégiques et opérationnels, et identifie des écarts entre la vision des dirigeants et la réalité vécue par les collaborateurs.
La transformation numérique a repositionné la gestion des données au cœur des enjeux stratégiques des entreprises. Cependant, la mise en œuvre d’une véritable Culture Data reste un défi complexe. Nous avons cherché à comprendre comment les entreprises peuvent surmonter les obstacles technologiques, organisationnels et humains pour créer une utilisation efficace et pérenne des données.
Dans cette étude, vous retrouverez des tendances mais aussi les retours d’expérience de 10 experts de haut vol en matière de transformation data au sein de leur organisation :
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processus décisionnel - Des clés pour acculturer à la Data