Découvrez la Vision de Audrey Thum, Directrice du Développement Durable chez FM Logistic
Micropole a dévoilé son étude autour de la Culture Data “Stratégie Data : de la vision à l’engagement collectif”, réalisée avec OpinionWay. Cette étude souligne l’importance de la donnée comme moteur de transformation, notamment pour atteindre des objectifs stratégiques tels que l’optimisation des opérations ou la réduction de l’impact environnemental. Toutefois, structurer et utiliser efficacement les données reste un défi pour de nombreuses entreprises.
Audrey Thum, Directrice du Développement Durable chez FM Logistic, partage comment le groupe utilise la data pour atteindre des objectifs stratégiques tels que la réduction des accidents du travail et l’amélioration de l’impact environnemental. Grâce à une collaboration étroite entre les producteurs et les utilisateurs de données, FM Logistic construit une Culture Data au service de la transformation positive de l’entreprise.
« Nos objectifs principaux sont l’amélioration de la sécurité et du bien-être des collaborateurs, et la diminution de l’impact de notre activité sur l’environnement»
Pour Audrey Thum, la donnée est un véritable catalyseur de transformation lorsqu’elle est utilisée de manière ciblée et structurée. Chez FM Logistic, il ne s’agit pas d’accumuler des données mais de les prioriser et de les traduire en indicateurs simples et actionnables. Cette rationalisation permet d’éliminer les complexités inutiles et de se concentrer sur ce qui génère un impact réel, comme la réduction des accidents ou l’amélioration des performances environnementales.
L’approche choisie est basée sur le collaboratif et contribue à transformer la donnée en un outil stratégique au service des objectifs du Groupe, qu’il s’agisse de réduire l’accidentologie, d’optimiser les flux de transport ou de répondre aux exigences réglementaires. En rassemblant producteurs et utilisateurs de données autour d’un socle commun, FM Logistic renforce sa capacité à atteindre ses ambitions de développement durable et de performance.
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Quels sont vos objectifs autour du bien-être des collaborateurs et en quoi la Data vous permet-elle de les atteindre ?
Audrey Thum : ” Nous avons commencé par traiter la question de l’accidentologie, qui est centrale dans des métiers comme les nôtres. Nous visons un objectif de « zéro accident grave » à horizon 2030. Sur ce sujet, nous ne manquions pas de données : dates, fréquences, gravité, etc. Mais, si nous avions un bon dispositif de collecte, nous manquions d’une vision structurée. L’enjeu était donc de mettre en place des indicateurs clefs, peu nombreux mais fiables, qui nous permettraient de piloter la stratégie. “
Quel dispositif avez-vous mis en place pour y parvenir ?
” D’abord, nous nous sommes posé les bonnes questions : que veut-on mesurer ? Pour quel objectif ? A-t-on toutes les bonnes données ? Si non, qui est capable de les produire ?
Sur le plan de l’accidentologie, les données émanent plutôt de la direction RH et du Juridique, mais c’est surtout le QHSE (département qui gère la Qualité, l’Hygiène, la Sécurité et l’Environnement) et les managers de terrain qui en avait besoin afin de prendre des décisions, notamment en matière de prévention. Ceux qui produisent la donnée et ceux qui l’utilisent ne sont donc pas les mêmes. Nous les avons réunis autour du QHSE, qui a été le group owner de ces comités. “
D’après notre étude, 58% des dirigeants estiment qu’il est difficile de favoriser l’usage de la donnée par les collaborateurs ; faites-vous le même constat ?
” Ce chiffre ne me surprend pas ; je vous aurais fait la même réponse il y a encore deux ou trois ans. Il s’agit de faire comprendre qu’il faut « désiloter » pour avoir une vision globale et efficace.
Notre capacité à collecter des données n’a dans un premier temps pas servi l’analyse mais a au contraire abouti à la multiplication d’indicateurs parfois complexes qui ne permettaient pas une vision claire et simplifiée. Il était donc nécessaire de disposer d’un socle commun et nous avons dû expliquer que cette nécessité allait conduire à l’abandon de certaines spécificités. Parce que tout le monde a l’impression qu’il a besoin de données particulières, différentes de celles des autres. Pour faciliter ce changement, nous avons associé les équipes à la réflexion autour de la définition de grands marqueurs qui allaient nous permettre de déterminer si notre entreprise est en « bonne santé » sur le plan de l’accidentologie. “
Notre étude montre que 54% des dirigeants citent l’outil en tant qu’initiative principale en matière de Data. Avez-vous investi dans une technologie particulière ?
” Ce qui est essentiel, c’est d’avoir les mêmes clés de lecture. Nous avons basculé il y a quelques années l’ensemble de nos outils sur la suite Google et cela a facilité l’usage de la donnée.
Les collaborateurs de la DSI assurent la mise en place des Lookers (outil de data visualisation de Google NDLR) et connectent des données émanant de différentes bases. Looker permet la data visualisation de données très hétérogènes et il est facile de modifier, ajuster l’outil en fonction des retours des utilisateurs. Ces derniers peuvent produire facilement des analyses et les partager. “
Seulement 29% des collaborateurs déclarent être formés à la Data. Avez-vous mis en place des dispositifs spécifiques ?
” En effet, nous avons formé tous les collaborateurs qui le souhaitaient à l’outil Looker et ils ont été les ambassadeurs de la Culture Data dans leur service.
Notre objectif était que nos collaborateurs soient autonomes, afin que leur connaissance des possibilités et des limites de l’outil leur permette d’être force de proposition et de mieux accepter les arbitrages. Vous n’embarquez pas les gens en leur demandant leur avis simplement consultatif mais en les associant réellement.
La Culture Data, c’est la capacité de connecter tout le monde, ceux qui produisent la donnée et ceux qui vont l’utiliser, autour d’un socle commun via des outils simples et au service d’objectifs précis.
La mise en place de la directive CSRD est le principal chantier auquel s’attèlent les responsables de développement durable et la question de la donnée y est centrale. Appliquez-vous les mêmes principes qu’en accidentologie pour vous y préparer ?
” Nous ne partons pas de zéro : notre entreprise est engagée depuis de nombreuses années dans les certifications ISO et donc dans des processus de surveillance et d’amélioration continue. Pendant longtemps nous avons mesuré la consommation énergétique d’un côté, le volume des déchets de l’autre… cette fois, on exige de nous une vision consolidée.
Pour répondre à votre question, nous suivons en effet les mêmes principes et en premier lieu celui de rationaliser notre approche Data. Prenons l’exemple de l’eau qui n’est pas une ressource capitale pour notre entreprise et qui ne représente donc pas un enjeu d’amélioration de notre impact environnemental. Nous avons décidé de ne produire qu’un seul indicateur qui est notre consommation globale en France, parce qu’il est inutile de rentrer dans des niveaux de détail complexes qui ne permettront pas de changements significatifs. Pour chaque sujet, il faut se poser la question des indicateurs que l’on veut suivre. “
L’application de cette directive suppose également de travailler avec vos partenaires. Comment les associez-vous à votre démarche ?
” Le bilan carbone nous avait déjà amenés à travailler sur le scope 3 et donc à récolter certaines données de nos sous-traitants, comme, par exemple, le nombre de kilomètres parcourus. La CSRD nous conduit à démultiplier le nombre de données à aller chercher et le nombre d’interlocuteurs à associer dans un contexte où notre activité de transports est pour l’essentielle sous-traitée.
Nous sommes dans la phase où nous essayons de déterminer les données manquantes, c’est un chantier conséquent. Même si la majeure partie du travail est faite en France, la nouvelle donne réglementaire nous conduit à recueillir des éléments dans tous les pays où nous exerçons des activités. Même si toutes nos filiales travaillent avec les mêmes outils, la collecte de la donnée peut y être très différente parce que les législations ne sont pas partout les mêmes.
Par ailleurs, un cabinet nous accompagne dans la définition de nos indicateurs et nous aide à faire des choix. Par exemple, comme d’autres acteurs de notre secteur, nous n’allons pas suivre l’impact que nous aurions sur les océans, car, n’étant pas partie prenante du transport maritime, cet impact est totalement indirect. “
Pensez-vous que cette directive va accélérer la mise en place d’une Culture Data dans la RSE des entreprises ?
” L’évolution du corpus réglementaire nous impose (et c’était déjà un peu le cas avec le bilan carbone), mais aussi nous permet d’avoir des politiques de développement durable plus concrètes et plus documentées. Certaines entreprises ont pu afficher par le passé des ambitions lointaines sans vraiment mesurer ce que cela supposait sur le plan opérationnel. Là, il faut se donner de vraies orientations et des manières d’atteindre les objectifs.
Pour réduire les émissions définies dans le scope 3, nous devons par exemple développer davantage le transport multimodal, optimiser les flux de transports et le remplissage des camions. Cela suppose une analyse poussée de nombreuses données. La Culture Data est donc devenue essentielle pour des managers comme moi. Mais elle ne suppose pas d’être expert de toutes données – ce qui est d’ailleurs rigoureusement impossible. La Culture Data, c’est la capacité de connecter tout le monde, ceux qui produisent la donnée et ceux qui vont l’utiliser, autour d’un socle commun via des outils simples et au service d’objectifs précis. “
A propos de l’étude Culture Data
L’étude Culture Data, réalisée par OpinionWay pour Micropole, explore comment les entreprises intègrent les données dans leurs processus stratégiques et opérationnels, et identifie des écarts entre la vision des dirigeants et la réalité vécue par les collaborateurs.
La transformation numérique a repositionné la gestion des données au cœur des enjeux stratégiques des entreprises. Cependant, la mise en œuvre d’une véritable Culture Data reste un défi complexe. Nous avons cherché à comprendre comment les entreprises peuvent surmonter les obstacles technologiques, organisationnels et humains pour créer une utilisation efficace et pérenne des données.
Dans cette étude, vous retrouverez des tendances mais aussi les retours d’expérience de 10 experts de haut vol en matière de transformation data au sein de leur organisation :
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