Découvrez la Vision de Edouard Pichon, Directeur Administratif et Financier France chez Rexel
« La proximité de la finance et des opérationnels est une des clefs de la réussite. »
Dans un environnement économique en tension, la direction financière est plus que jamais attendue sur sa capacité à piloter la performance et accompagner la transformation de l’entreprise.
Chez Rexel France, cette exigence se traduit par un ancrage fort dans les métiers et une organisation pensée pour maximiser l’impact sur le terrain. Édouard Pichon, Directeur Administratif et Financier France chez Rexel, revient dans cet entretien sur les piliers de cette transformation : un contrôle de gestion multi-niveaux, une collaboration renforcée avec les directions opérationnelles, une approche progressive de l’innovation technologique, et une volonté claire de recentrer les équipes financières sur l’analyse, au service du business.
Son témoignage illustre parfaitement les enjeux explorés à l’occasion du Finance Forward, événement organisé le 24 juin par Micropole et Talan pour trouver les réponses aux défis inédits auxquels font face les directions financières : entre exigence des actionnaires, modernisation technologique, enjeux de pilotage, conformité et intelligence artificielle.
À travers des retours d’expérience concrets et des prises de parole de décideurs, Finance Forward met en lumière une fonction finance en pleine évolution : plus agile, plus connectée au business, et résolument tournée vers la création de valeur.
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Avec un chiffre d’affaires de 3,7 Mds€ en 2024, Rexel est le leader français de la distribution professionnelle de produits et services pour le monde de l’énergie. L’entreprise distribue et conçoit des solutions d’électrification sur 3 marchés : résidentiel, tertiaire et industriel et couvre 4 domaines d’expertises principaux : distribution d’énergie, génie climatique, automatismes industriels, data-communication et sécurité.
Evoluant dans un secteur où les marges sont faibles, la direction financière collabore étroitement avec les métiers pour assurer une croissance rentable de l’entreprise, comme l’explique Edouard Pichon, directeur administratif et financier de Rexel France. Au cours de cet entretien, il reviendra pour nous sur les enjeux de transformation de son métier dans un contexte économique contraint, tout en abordant les objectifs environnementaux que l’entreprise s’est fixés.
Comment définiriez-vous le rôle de la direction financière chez Rexel France ?
Comme un garant de la performance, puisqu’elle est une aide essentielle à la détection de signaux faibles, parfois imperceptibles pour les dirigeants !
En ce sens, elle joue un rôle crucial dans le pilotage de l’entreprise. Elle élabore des analyses et prévisions engagées via un travail de fond permettant à Rexel et à ses directions opérationnelles de prendre des décisions éclairées grâce à des outils d’aide à la décision efficients facilitant la navigation dans un environnement mouvant.
En résumé, loin de nous cantonner à la simple production de chiffres, nous les faisons parler avec l’objectif permanent de maintenir notre excellence opérationnelle.
Concrètement, comment votre organisation a-t-elle évolué vers le business partnering des métiers ?
Avec un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros, Rexel France emploie 200 collaborateurs au sein de sa direction financière, structurée autour de piliers clés dont notamment le contrôle de gestion, la comptabilité clients et fournisseurs – et le pilotage (dont l’intégration) de nos filiales.
Notre singularité réside dans une approche orienté métier du contrôle de gestion qui vise à mettre à côté de chaque direction opérationnelle un contrôleur de gestion. Ainsi, chacun des sept directeurs régionaux des ventes, en charge pour chacun de plusieurs centaines de millions d’euros, bénéficie de l’apport et du soutien d’un expert financier.
Cette collaboration s’étend naturellement aux fonctions transverses comme le marketing, la logistique ou le digital, où chaque directeur est épaulé dans ses missions par un spécialiste financier. Doté d’une connaissance approfondie du terrain, ce dernier évalue la performance des actions et processus déployés.
Un exemple ? Le contrôleur en charge des centres d’appels analysera à la fois les résultats financiers et les indicateurs opérationnels comme le taux d’appels perdus afin d’optimiser les horaires, ceci en lien avec les équipes.
J’encourage cette proximité entre financiers et opérationnels car elle constitue selon moi un facteur clé de succès pour la fonction finance et plus généralement pour la performance globale de l’entreprise.
Chaque ouverture d’agence ou de centre logistique fait l’objet d’une évaluation combinant impact environnemental et viabilité économique
Comment les critères ESG font-ils évoluer votre mission ?
En tant que distributeur de matériel électrique et solutions énergétiques, la décarbonation des activités est au cœur de notre raison d’être. Nous nous engageons à promouvoir des pratiques durables et à réduire l’empreinte carbone de nos opérations ainsi que de celles de nos clients.
Nous avons donc une stratégie bas-carbone très volontariste, avec le souci de réduire drastiquement notre consommation de gaz à effet de serre. Chaque ouverture d’agence ou de centre logistique fait l’objet d’une évaluation combinant impact environnemental et viabilité économique. Dans un contexte réglementaire incitatif, la direction financière, en partenariat avec la direction RSE, joue un rôle moteur pour dépasser les exigences minimales et accélérer la décarbonation.
Dans le cadre de l’application de la CSRD, nous avons par exemple mesuré l’entièreté de notre consommation d’énergie afin de catégoriser sa provenance, dans l’objectif d’intégrer de l’énergie verte dans chacune de nos activités. Nous ambitionnions de ne plus consommer que de l’énergie verte ou renouvelable dans les trois ans à venir.
Rexel a par ailleurs intégré l’indice CAC 40 ESG d’Euronext qui regroupe les entreprises françaises faisant preuve des meilleures pratiques environnementales, sociales et de gouvernance.
Comment parvenez-vous à allier outils historiques et innovation technologique ?
Rexel France utilise pour son système transactionnel un système ancien mais optimisé au fil des années grâce à des développements internes, offrant à l’entreprise et ses collaborateurs, une performance quotidienne remarquable représentant clairement un avantage concurrentiel.
Nous avons néanmoins engagé une démarche de modularisation de notre socle applicatif et envisageons systématiquement l’acquisition de solutions externes dès lors qu’elles surpassent ce que nous pourrions faire en interne.
Néanmoins pour ce qui relève de notre moteur transactionnel nous avons une solide culture de développement interne, spécifiquement adaptée à notre marché, car les outils standards proposés par les éditeurs ne répondent pas dans ce cas précis à nos exigences.
Si le financier excelle traditionnellement dans le traitement des données, sa valeur ajoutée réside désormais dans sa capacité à les interpréter, à en dégager des tendances sous-jacentes puis à les enrichir pour proposer de nouvelles perspectives.
Avez-vous investi dans des outils de pilotage de la performance ?
Nous avons adopté Qlik, un outil de pilotage initialement sélectionné par la DSI, rapidement adopté par la direction financière puis par l’ensemble des départements grâce à une culture affirmée de la donnée.
Il est utilisé aussi bien par la stratégie que les achats, le marketing ou la comptabilité. En fonction de votre métier et de votre niveau, vous avez accès une granularité plus ou moins importante des données. Ce tri permet de prévenir la dispersion face à l’abondance de data, en offrant à chaque collaborateur la possibilité d’être en autonomie et ainsi recevoir les informations pertinentes en fonction de son rôle et de ses besoins spécifiques.
Ces innovations entraînent-elles un changement dans les compétences attendues des collaborateurs de la direction financière ?
Je parlerais d’une réelle évolution des comportements plutôt que de compétences.
Si le financier excelle traditionnellement dans le traitement des données, sa valeur ajoutée réside désormais dans sa capacité à les interpréter, à en dégager des tendances sous-jacentes puis à les enrichir pour proposer de nouvelles perspectives.
Un bon financier se distingue par son aptitude à apporter des enseignements aux métiers ou à l’organisation, transformant ses observations en leviers d’action.
Quelles sont vos priorités dans les cinq années à venir ?
Ma priorité est la maitrise des coûts opérationnels, devenue essentielle dans un contexte économique incertain.
Ensuite, l’engagement et le développement des équipes financières. La capacité à analyser de manière plus fine la donnée est également primordiale, puisque cela nous permettra de détecter davantage les signaux faibles.
Enfin, la transformation technologique et son appropriation par nos collaborateurs reste un sujet important. Voir les membres de mes équipes prompter sur RexelGPT, notre outil interne, pour réaliser des formules Excel et gagner des heures de travail me confirme que la dynamique est positive.
Ma préoccupation première est de préserver la valeur ajoutée des collaborateurs de la finance. Nous n’avons pas de temps à perdre avec du reporting car nous sommes attendus ailleurs, à côté du métier notamment pour faire de l’analyse business. Je dis bien « à-côté » parce que la proximité de la finance et des opérationnels est une des clefs de la réussite.
Un autre enjeu sera d’améliorer nos capacités prédictives, notamment grâce à l’IA : nous produisons à ce stade des indicateurs de manière manuelle et nous avons des marges de progression conséquentes dans ce domaine.
Vous souhaitez découvrir de nouveaux témoignages ? Nous vous donnons rendez-vous le 24 juin au Finance Forward, événement dédié aux enjeux des directions financières !
